L’Ontario et l’OPP échouent dans leur devoir d’appuyer les policiers souffrant de blessures liées a

L’Ontario et l’OPP échouent dans leur devoir d’appuyer les policiers souffrant de blessures liées au stress opérationnel, dit l’Ombudsman

octobre 24, 2012

24 octobre 2012

L’Ombudsman de l’Ontario, André Marin, a demandé aujourd’hui à la Police provinciale de l’Ontario (OPP) et au ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels de prendre des mesures d’action concrètes pour appuyer, partout dans la province, les policiers qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique, courent des risques de suicide ou sont atteints d’autres formes de blessures de stress opérationnel.

(TORONTO – 24 octobre 2012) L’Ombudsman de l’Ontario, André Marin, a demandé aujourd’hui à la Police provinciale de l’Ontario (OPP) et au ministère de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels de prendre des mesures d’action concrètes pour appuyer, partout dans la province, les policiers qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique, courent des risques de suicide ou sont atteints d’autres formes de blessures de stress opérationnel.

L’OPP et le Ministère ont tous deux été réticents à reconnaître et à gérer les blessures de stress opérationnel et ils n’ont guère fait preuve de leadership pour mettre en œuvre des programmes de prévention proactifs afin d’aider les policiers. C’est ce que conclut M. Marin dans son rapport intitulé Dans le feu de l’action. 

Il déclare : « La protection du bien-être psychologique des policiers est une question systémique, qui exige une solution systémique. Les policiers qui s’exposent aux risques pour protéger les citoyens ontariens méritent d’avoir l’assurance que la province les soutient. » 

Dans son rapport, M. Marin a fait 34 recommandations, centrées sur la nécessité de lutter contre la stigmatisation persistante des blessures de stress opérationnel en milieu policier, de renforcer les services psychologiques pour les policiers et de concevoir des programmes provinciaux complets afin de prévenir et de traiter les blessures de stress opérationnel et les suicides. 

Cette enquête – qui était la plus vaste jamais entreprise par l’Équipe d’intervention spéciale de l’Ombudsman (EISO) – a comporté plus de 190 entrevues sur une période de 18 mois. Elle a déterminé que l’OPP n’avait pas de programmes cohérents et coordonnés en matière de blessures de stress opérationnel ou de prévention du suicide. Un seul psychologue du personnel est en exercice à l’OPP, pour toute la province, et ce psychologue ne fait ni de diagnostic ni de traitement des policiers, et l’OPP ne conserve pas de liste de professionnels externes de la santé mentale qui pourraient venir en aide à ses membres. Elle ne fait pas non plus de suivi du nombre de policiers et de leurs familles qui se sont tournés vers le programme d’aide aux employés en raison de blessures de stress opérationnel.

L’OPP ne conserve aucune statistique et ne fait aucune déclaration officielle concernant les suicides parmi ses membres, elle n’a pas de programme de prévention et elle ne fait pas d’analyse pour connaître leurs causes. À partir de données ad hoc conservées par l’ancien psychologue de l’OPP, M. Marin a révélé dans son rapport que 23 membres de l’OPP, en exercice ou à la retraite, se sont suicidés depuis 1989 – soit deux de plus que ceux tués alors qu’ils étaient en service, durant cette même période. Rien que dans les 18 derniers mois, il y a eu cinq suicides à l’OPP.

L’enquête a aussi incité l’OPP à compiler des données sur le coût estimé des blessures liées au stress opérationnel. Bien que l’OPP ne conserve pas de statistique officielle, ses données sur les maladies professionnelles et les demandes d’indemnisation aux assurances révèlent qu’il y a eu 269 cas de blessures de stress opérationnel depuis 2006, dont le coût estimé pour les contribuables ontariens se situe à environ 3,5 millions $, à quoi s’ajoutent plus de 22 000 journées de travail perdues.

Les programmes existants de bien-être et de sensibilisation sur la question, à l’OPP, varient dans la province – et le psychologue interne de l’OPP qualifie les efforts de « désordonnés ». Certes, l’OPP a mis en place un programme louable, appelé « Safeguard », pour certains de ses policiers spécialisés dans des activités jugées à haut risque, mais ce programme est inutilement limité à ces unités. C’est ce qu’a constaté l’Ombudsman.

Parmi ses 34 recommandations, M. Marin préconise que l’OPP affecte un policier de haut niveau, employé à plein temps, à l’élaboration d’un programme de prévention proactif complet pour s’attaquer aux blessures de stress opérationnel et à la prévention des suicides. Il est en faveur d’une expansion du programme « Safeguard », avec des examens réguliers de santé mentale pour les policiers et une amélioration du soutien aux policiers retraités et aux familles de tous les policiers. Plusieurs de ces recommandations s’appuient sur ce qui se fait déjà dans les services de police de Calgary, de Montréal et de plusieurs instances aux États-Unis.

L’Ombudsman recommande aussi au Ministère, qui a toujours laissé la gestion des blessures de stress opérationnel à chaque service de police individuellement, de reconnaître qu’il s’agit d’un problème systémique et de mener une enquête à l’échelle de la province pour déterminer l’ampleur de telles blessures au sein de la police en Ontario.

En plus des nombreux récits, témoignages et suggestions directs de policiers de l’OPP, en exercice ou à la retraite, et de policiers municipaux et de leurs familles, ce rapport de 173 pages réunit de récentes recherches universitaires sur les blessures de stress opérationnel chez les policiers ainsi que des pratiques exemplaires tirées du secteur policier dans son ensemble.

Le rapport de l’Ombudsman et ses recommandations ont été envoyés à l’OPP et au Ministère, en vue d’une réponse, au mois d’août. Mais M. Marin a déclaré que leurs réactions à ses conclusions consistaient en fait à un « rejet par l’administration » qui était profondément troublant et dénué de tout engagement précis quant à la mise en œuvre desdites recommandations. Ce n’est que le 18 octobre que le commissaire de l’OPP a envoyé une lettre promettant qu’un policier de haut niveau dirigera un groupe de travail pour étudier ces recommandations et « prendre les mesures d’action qui s’imposent ». Le même jour, le sous-ministre a écrit que le personnel du Ministère « examinerait des options pour répondre aux recommandations » et ferait un compte rendu à l’Ombudsman chaque trimestre. 

« Ce qui est regrettable, c’est que les hommes et les femmes qui risquent leur vie et leur santé dans le feu de l’action paieront le prix d’une telle indifférence », dit M. Marin, qui a également mené la première enquête sur les blessures de stress opérationnel parmi les soldats canadiens, alors qu’il était l’Ombudsman militaire national en 2002. « Il appartient à l’OPP et au Ministère d’entreprendre ces efforts pour protéger les policiers de la province qui mettent en danger leur bien-être psychologique dans l’exercice de leur métier. »

Depuis la nomination de M. Marin en 2005, l’EISO a effectué plus de 30 enquêtes sur de vastes problèmes systémiques qui touchent de très nombreux Ontariens. Le gouvernement a mis en œuvre la presque totalité des recommandations de ses rapports, notamment au sujet du dépistage des maladies chez les nouveau-nés, du renforcement de la sécurité des loteries et d’une refonte du système d’évaluation foncière.
 

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