La décision de limiter le financement du médicament anticancéreux « frise la cruauté »
septembre 30, 2009
30 septembre 2009
Selon la dernière enquête de l’Ombudsman de l’Ontario, M. André Marin, la décision du gouvernement de l’Ontario de suspendre le financement du médicament anticancéreux Avastin pour les patients qui en bénéficiaient est déraisonnable, erronée et « frise la cruauté ».
TORONTO (le 30 septembre 2009) – Selon la dernière enquête de l’Ombudsman de l’Ontario, M. André Marin, la décision du gouvernement de l’Ontario de suspendre le financement du médicament anticancéreux Avastin pour les patients qui en bénéficiaient est déraisonnable, erronée et « frise la cruauté ».
Dans son rapport intitulé Une vaste injustice publié aujourd’hui, M. Marin relate les difficultés de plusieurs patients atteints d’un cancer colorectal qui ont été contraints de payer de leur poche leur traitement par Avastin ou d’y renoncer après avoir atteint la limite de leur traitement de prolongation de vie, « arbitrairement » fixée à 16 cycles, soit environ 8 mois. L’Ombudsman estime en effet que la décision du Ministère de la Santé et des Soins de longue durée d’imposer ce plafond sans tenir compte de la réaction des patients au traitement n’est pas justifiée sur le plan médical.
« La limite de financement est tout à fait contraire à la norme acceptable de pratique oncologique dans cette province et ailleurs », affirme M. Marin dans son rapport. « Hélas, cet état de fait frise la cruauté pour ces personnes déjà affligées par cette maladie implacable. Dans le cas d’Avastin, il est impossible de justifier le prix que paient sur le plan humain les patients victimes de l’application rigide et froide de cette limite de financement par l’administration actuelle. »
Sur les sept provinces ayant mis en place le financement d’Avastin, l’Ontario est la seule à appliquer un plafond strict au nombre de cycles thérapeutiques bénéficiant d’un financement public. Malgré cette mesure, l’enquête a également découvert que le Ministère n’était pas en mesure de communiquer ni le nombre de patients recevant Avastin en Ontario, ni le montant total du financement alloué. D’autre part, les déclarations du Ministère sur les limites de financement sont « carrément trompeuses », a déclaré M. Marin.
Les responsables politiques ont tout à fait le droit de décider que le financement d’un médicament coûte trop cher, précise l’Ombudsman. Mais une fois qu’un financement a été approuvé, toute mesure de plafonnement doit tenir compte de l’évolution de la maladie des patients. « Alors que les fonctionnaires du Ministère pensaient être parvenus à un équilibre acceptable, ils ont omis de bien tenir compte de l’élément humain et des obligations morales de la communauté médicale », ajoute-t-il.
L’Ombudsman a demandé au gouvernement de relever le plafond de financement et de maintenir le remboursement au cas par cas pour les patients chez lesquels Avastin donne des résultats probants. Il recommande en outre que le Ministère accorde une compensation financière aux patients qui ont dépensé des milliers de dollars pour pouvoir poursuivre leur traitement par Avastin.
Le Ministère n’a pas suivi ces recommandations, mais il a consenti à collaborer avec le Cancer Care Ontario afin d’élaborer une nouvelle politique de révision des critères à respecter pour recevoir le traitement pour des raisons humaines, pour réglementer l’accès aux médicaments anticancéreux. Le Ministère suggère également que les patients concernés déposent leur demande de prolongation du financement au titre de l’actuelle « Compassionate review policy », une proposition critiquée par l’Ombudsman pour l’absence de solution immédiate ou concrète pour les patients actuellement dans le besoin.
« La question s’avère urgente pour les patients qui souffrent d’un cancer colorectal métastatique », explique M. Marin. « Je ne crois pas que, par souci de compression des coûts, les Ontariens devraient payer eux-mêmes leur traitement par Avastin ou cesser un traitement efficace qui, de l’avis des spécialistes, devrait être poursuivi jusqu’à la progression de la maladie. »
Tous les six mois, le Ministère présentera des rapports au bureau de l’Ombudsman sur l’évolution de ce dossier et l’Ombudsman continuera en parallèle d’examiner ses actions. Une vaste injustice est le 22e rapport d’enquête élaboré par l’Équipe d’intervention spéciale de l’Ombudsman (EISO) depuis que l’équipe a été formée en 2005 pour enquêter sur des questions systémiques de première importance. Les enquêtes de l’EISO sont à l’origine de vastes réformes dans de nombreux organismes et programmes gouvernementaux, y compris le dépistage néonatal, l’évaluation foncière, l’indemnisation des victimes d’actes criminels et le système de loterie.
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